Josy qui nous enchante depuis 30 ans par ses mix de folie et une énergie de dingue sur La liste (...)
Les voltigeurs, la mort aux trousses
Il y 34 ans, vendredi 5 décembre 1986, c’est là, présent dans ma mémoire, marqué au fer rouge comme disent certains. Je participais aux manifestions pour le retrait de la réforme universitaire « Devaquet ».
Ce soir là, à coté de la Sorbonne, au moment ou les manifestants commencent à rentrer chez eux, profitant des derniers métros, des poubelles sont incendiées. L’ambiance guitare sur la plage avait basculé, « c’est une maison bleue », tout ça, tout ça, envolé !
Il n’en fallait pas plus pour voir arriver les « voltigeurs ». Un policier conduit une moto et à l’arrière de celle-ci, un autre armé d’un long bâton, frappe...
Vision flippante, terrorisante, quand t’as 21 ans, que tu manifestes pacifiquement, c’est l’horreur qui se pointe. Et là, tu cours, tu cours très vite.
Panique, « tous à la Sorbonne ! ». Il nous fallait nous réfugier. Nous voilà nous engouffrant dans celle-ci où se tenait une Assemblée Générale concernant la mobilisation.
Pendant qu’ils continuaient à discuter des actions à venir, nous décidions avec quelques personnes à trouver un moyen de joindre l’extérieur pour prévenir qu’il y avait des blessés parmi nous. Les lignes téléphoniques disponibles nous ont permises seulement d’appeler les services d’urgence. Quand nous avons voulu appeler d’autres personnes, journalistes ou politiques que nous connaissions, plus de tonalité...
Les secours sont venus, emportant les blessés les plus touchés... Se recevoir un coup de bâton à grande vitesse, ça fait des dégâts...
Désormais la Sorbonne était encerclée de forces de police, impossible d’en sortir sans devoir les traverser.
Mon coté peace and love, voir bisounours, ou du genre "suis inconscient de ce qu’il peut m’arriver", a pris le dessus. Je suis sorti pour leur expliquer que nous étions majoritairement des manifestants pacifistes, que la plupart des étudiants qui se trouvaient à l’intérieur étaient venus se réfugier et ne désiraient pas en découdre avec les forces de l’ordre. Ils m’ont laissé y retourner.
Mais un groupe, d’une quarantaine de personnes, pour certains, plus étudiants depuis au moins une décennie, portant un casque de moto, visières relevées poussaient les plus chauds, voir défoncés, à démolir du mobilier, à jeter par les fenêtres tout ce qu’ils pouvaient.
Au bout de 2h je dirais, la Sorbonne fut investie par les forces de police et tout le monde appelé à sortir. A ma stupéfaction, je retrouvais 2 rues plus loin la quarantaine de personnes qui visiblement n’avaient rien à voir avec les étudiants. Ils étaient passés tranquillement avec leur casque, haranguant ceux et celles qu’ils croisaient à se déplacer sur d’autres lieux pour faire la « révolution ».
J’ai passé la nuit chez un groupe d’étudiants que j’avais rencontré.
Le lendemain, j’apprenais la mort de Malik Oussekine, après s’être fait matraquer par des policiers.
C’était un vendredi soir, les éditions presse du week-end étaient déjà imprimées...