Josy qui nous enchante depuis 30 ans par ses mix de folie et une énergie de dingue sur La liste (...)
Tu veux la toucher ?
Tu veux la toucher ?
« Elles te plaisent ces photos ? Tu veux voir et toucher ce que ça me fait ? » Disait-il en me montrant plusieurs photos en noir et blanc, où apparaissaient des bites en gros plan et en me montrant la sienne.
J’avais 12/13 ans. On m’avait placé dans un Home d’enfants à Fontenay-sous-Bois. On m’avait confié à des éducateurs/trices qui étaient censés prendre soin de moi. Ils/elles le faisaient par ailleurs au quotidien, me défendant face aux brutes épaisses, aux grandes gueules plus âgées. Mais là, ils/elles n’étaient pas là, et je n’ai pas eu l’impression qu’ls/elles aient cru à mon histoire.
Ma mémoire me dit que c’était un dimanche, impossible par contre de me rappeler si c’était le matin ou l’après-midi, mais ce qui est sûr, c’est que c’était un dimanche. Le parking du supermarché était vide… Je traînouillais sans but, comme un gosse qui traine en cité. En l’occurrence pour passer un minimum de temps avec ces monstres, ces barjots qui parfois me poussaient dans mes extrêmes au niveau de mes réactions. Je parle là des pauvres gosses qui étaient dans ce home, pour des raisons familiales, pour avoir fait des conneries…
J’ai failli en tuer un, une fois, il allait avoir 18 ans, il était arrogant, grand, costaud. Je ne sais plus pourquoi il me cherchait ce jour-là, et me menaçait physiquement comme on dit. Bref, il voulait me foutre sur la gueule. Et toute la tension, la situation a fait que j’ai pété un plomb. Il y avait une paire de patins à glace qui trainaient à portée de main, au pied d’un lit, les lacets noués ensembles. C’est par les lacets que je les ai attrapés et que je m’en suis servi comme d’un fouet. Ça lui a entaillé le torse. La force que j’avais trouvée à les attraper et instinctivement à m’en servir comme arme avait fait son effet. Il était bien tailladé. J’aurai tout aussi bien pu lui trancher la gorge, les patins à glace n’ayant pas de protections sur les lames.
Mais revenons à nos moutons. Une voiture s’arrête à mon niveau. Au volant, un petit gros avec une barbe me demandant son chemin. J’essaye de lui expliquer ce que je savais de sa destination, et faisant mine de ne pas comprendre, il me propose de m’emmener pour lui montrer la route, au moins jusqu’aux feux rouges où il devrait tourner. Je monte, qu’est-ce qu’on peut être con, inconscient à cet âge…
Il a sorti ses photos, puis sa bite dès le premier feu rouge. Et là, merde qu’est-ce que je fais ? Je saute de la voiture ? Je donne un grand coup de volant pour qu’on se plante ?
Je pense que ce qui l’a, et qui m’a sauvé, c’est qu’il parlait doucement. C’était un pervers, un chasseur de petits garçons, mais pas violent physiquement ! Il avait une voix douce et malgré la panique de la situation, je restais tranquille lui parlant également doucement, le plus naturellement possible, pour qu’il me ramène, qu’il ne panique pas non plus, lui expliquant tout simplement que ses photos et sa bite ne m’intéressaient pas.
Visiblement ma réaction porta ses fruits.
L’histoire a duré une vingtaine de minutes, et il me ramena à l’endroit où il m’avait fait monter, me souhaitant éventuellement de le revoir au même endroit. La voiture disparue. Ouf !
Et là, je me suis mis à courir, non pas vers le home, mais vers une boulangerie ouverte. La boulangère n’a pas du comprendre, j’étais haletant, je voulais un stylo pour écrire le numéro de la plaque d’immatriculation avant que ma mémoire me fasse défaut.
J’ai raconté mon histoire aux éducateurs/trices, je leur ai donné le numéro de la plaque d’immatriculation. Mais quand je leur demandais où ça en était, ils/elles disaient que ce n’avait rien donné. Avais-je noté le bon numéro ? N’avaient-ils/elles pas gardé ça pour eux/elles ? Après tout, j’étais sous leur responsabilité. Je ne le saurai jamais.
Sylvain De Smet, 46 ans après.
P.S : je n’ai pas trouvé comment illustrer ce texte...