Josy qui nous enchante depuis 30 ans par ses mix de folie et une énergie de dingue sur La liste (...)
Rencontre du 3ème type (pensée Népalaise)
Rencontre du 3ème type (pensée Népalaise)
1990 - Bangkok/ Katmandou
Fin de mon tour du monde. 9 mois que j’étais parti, et évidemment plus une tune, rien que quelques dollars, pas de carte à tirette, pas d’American Express, bref, juste que de quoi payer les taxes d’aéroports. En sachant que j’avais 3 arrêts obligés… Le premier au Népal. Il fallait que je reste une semaine là-bas, puis que j’aille à New Delhi une semaine, et que je finisse en passant par Bagdad avant d’arriver à Paris. Grosso-modo.
Deux semaines qui s’annonçaient périlleuses… « Et comment je vais faire pour manger, dormir… ? Mamma Mia »
Et pour couronner le tout, si je puis dire… à l’époque, des émeutes sévissaient à Katmandou pour virer la royauté…
Me voilà donc dans l’avion, profitant de mes derniers moments de bonheur avant de me retrouver clochard au Népal…
Il n’a pas à dire, il y a des trucs qui arrivent dans la vie, c’est à se demander si Dieu ne prend pas des acides. Deux moines étaient assis derrière moi. Ils étaient vêtus, comment dire, d’une toge, disons un ensemble orange, type Arré Chrishna, le crâne rasé, le premier d’une vingtaine d’année, le second, environ 50 ans.
La conversation s’ouvre, en Anglais s’il vous plaît… les moines me demandent de leur passer 500 dollars à la douane (somme qui parait dérisoire en Europe mais qui ne l’est pas au Népal) . J’accepte ! Surtout que ça m’arrangeait bien.... Je pouvais justifier ainsi que j’avais de l’argent pour vivre, même si ce n’étais pas le mien....Ouf, Ouf ! Un problème de moins.
Arrivé à Katmandou, la douane « in the noise ». Avec mon petit sac à dos, ça va vite ! Et en plus, c’est surtout quand on en part qu’on est susceptible d’intéresser les douaniers…
Je me poste devant l’aéroport pour attendre les deux moines.
Une heure passe, puis deux…, me laissant le temps d’avoir toutes les idées possibles et imaginables : pas d’argent, juste 500 dollars qui ne m’appartiennent pas… Ils ne m’ont même pas demandé mon nom, avant de me refiler leur pognon ! Mais bon, au bout de 1H d’attente le choix est déjà fait !
C’est une manne financière qui pouvait m’empêcher de devenir clodo au Népal, en Inde, car je n’avais aucune capacité à me payer un logement, le moindre repas, la moindre bouteille d’eau, plus un kopeck en poche...
Cet argent n’était pas à moi ! Mais il est vrai que ça tourne vite dans ma tête, d’un coté... pas de sous, de l’autre 500 dollars en liquide. un vrai choix cornélien, mais le coté obscur de la force ne prit pas le pouvoir. Je restais honnête jusqu’au bout. (Je l’avoue, suis pas peu fier de moi, 35 ans après)
Les gamins jouent dans la rue, me tournent autour pour essayer de me tirer un peu de sous ou obtenir quelque chose de moi, un cadeau. Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent, j’en ai pas…
Fallait pas non plus que ça dure comme les contributions… Enfin les moines arrivent, et aussitôt c’est la folie…, ils sont entourés d’une trentaine de personnes plus aimantes les unes que les autres. Le plus jeune était visiblement très attendu car les gens venaient à sa rencontre et lui faisaient embrasser leurs écharpes blanches. Là j’étais comment dire…dubitatif.
Les moines finissent par me voir, le jeune sourit. Il pouvait… Cela faisait quand même plus de 2h que j’attendais alors qu’on ne se connaissait pas et que c’est moi qui avait le pactole.
Le plus jeune des moines m’indique alors un gars en moto, il lui baragouina quelque chose et me dit de le suivre.
" Je dois me rendre au monastère, on se verra plus tard "me dit-il comprendre, sans me demander l’argent…ça n’avait pas l’air de l’inquiéter.
Me voilà donc à l’arrière de cette moto…
Nous nous garons devant une maison bourgeoise de Katmandou. C’était une grande baraque sur plusieurs niveaux.
Arrivés dedans, à ma grande stupéfaction, j’avais du tomber sur la bourgeoisie du coin, où quelque chose qui y ressemble, il y avait même la télé, 1% de la population devait avoir la télé ! Et quand je dis 1%....
On m’installa dans une pièce, j’imagine que c’est là que dormaient les 2 moines vu l’ambiance. Il y avait des sculptures partout, de l’encens, genre autel bouddhiste. C’était pas spécialement un truc dont j’avais l’habitude, c’était même un peu oppressant, suis pas trop porté sur les cultes.
La mère de famille arriva, ne parlant que népalais…évidemment. Elle m’amenait des gâteaux, du Fanta et du thé. C’était gentil !
Je suis resté la 1 bonne heure à regarder autour de moi sans savoir ce qu’il allait m’arriver. Ça serait aujourd’hui, avec ma rhinite aux parfums, c’était direct l’hosto.
Soudain, le jeune motard arriva. Lui, parlait correctement anglais, mieux que moi d’ailleurs (mais, c’était pas difficile de mieux le parler).
Il me dit :" vient dans notre chambre." (Oui je sais, c’est banal)
Et là, 2 posters étaient accrochés au mur dont un de hard rock avec Guitare. C’était surprenant par rapport à la pièce que je venais de quitter, c’était aux antipodes, mais pour le moins, c’était un monde qui m’était connu.
Le jeune homme m’expliqua la situation et voici ce que j’en ai compris (je vous jure j’étais a jeun, j’avais rien consommé) :
Il y a le Dalaï-lama, un super Lama et 5 autres grand Lamas, un peu comme des ministères.
Un des grands lamas, qui a été emprisonné en 1959, en Chine (invasion du Tibet, pour ceux et celles qui suivent pas…) a écrit avant de mourir en qui il allait se réincarner, sur un petit carnet.
Et voilà que ça tombe sur moi ! Sa réincarnation était le cousin de celui qui m’avait amené en moto qui n’était autre que le jeune moine rencontré dans l’avion. Je venais de tomber sur l’un des 5 grands Lamas. J’étais carrément scotché par tout ça !
Leur cousin, donc ce grand Lama allait donc repartir en Inde le lendemain. La famille était très fière de la situation, et je les comprends.
« Bonjour, tu me présentes ? Oui, voici mon cousin, il est juste un des 5 grands Lamas, si t’es cool, il te présentera au Dalaïlama... »
Ça jetterait dans une soirée…mais revenons à nos moutons…
Finalement le jeune moine est revenu. Je lui ai filé son argent. Ils se sont alors parlés lui et son cousin, je sais pas trop ce qu’ils se sont dit, j’ai rien compris, mais toujours est-il, qu’on m’a fait comprendre que j’étais le bienvenu, que j’étais chez eux, chez moi ! Ça tombait bien ! Je ne savais pas où loger et n’avais pas d’argent.
J’ai donc passé toute la semaine chez eux…à manger des plats fabuleux dont j’ai jamais réussi à me rappeler leurs noms… à prendre du bon temps quoi…
Par contre… Il y a toujours un par contre, même au paradis. Comme c’était un luxe d’avoir la télévision, pour m’accueillir, il fallait que je regarde la télé. Je me suis tapé des heures de films, indiens principalement, qui sont interminables, à l’eau de rose, et évidemment sans traduction.
A côté de ça, ils m’ont baladé pour me faire visiter Katmandou et j’ai pu voir cette ville un peu magique, ses monastères, avec les gens les plus gentils de la planète.
Ils tenaient un/des magasins dans Katmandou . Visiblement ils étaient issu des Sherpas, ceux qui habitent dans la montagne, je ne sais même plus ce qu’ils vendaient, ça ressemblait à un Bazar.
Le soir c’était surprenant, alors qu’ils étaient issus de la bourgeoisie, disons de ceux et celles pour qui la vie est plutôt cool, ils manifestaient. En fait ils étaient maoïstes et anti-royalistes. Ils rejoignaient donc, la nuit les dizaines de milliers de jeunes de 10 à 25 ans qui manifestaient dans la rue. C’était émeute sur émeute. Si je ne m’abuse, l’un des jeunes de la maison voulait être ministre, si ça se trouve, c’est le cas aujourd’hui, on a le même âge, ce serait marrant.
Quand même, au bout de quelques jours ils se sont rendus compte que je n’achetais rien, mais alors rien, même pas une bouteille d’eau, un thé, ils devaient penser que j’étais rapiat de chez rapiat.
Bah désolé : " je n’ai pas d’argent".
Je pense qu’ils ont peu halluciné (pas d’argent et je n’avais pas volé les 500 dollars).
Au moment du départ, ils m’ont donné 50 dollars (énorme) pour me remercier encore et encore. J’ai eu beau, quelques temps plus tard leur écrire, je n’ai pas eu de réponse, mauvaise adresse notée ?
Me voilà donc parti à New Delhi. Enfin presque…une tempête fit faire demi-tour à l’avion. Mais dans ce cas, par chance la compagnie nous fournit une chambre.
Mais bon, le car a dû passer par les émeutes, et là nous étions des touristes occidentaux. A minuit, au beau milieu de la jeunesse Népalaise qui faisait la révolution, t’en mène pas large…
Je n’étais plus avec mes potes Népalais je n’étais qu’avec des touristes, les vitres du car se sont faites éclater.
C’est vraiment flippant quand tu es entouré de gamins excités, hurlants, et fracassant tout ce qui se trouve sur leur passage. Après s’être bien défoulés sur notre bus, ils se sont « calmés », notre chauffeur avait trouvé, comment dire, les mots justes. Nous sommes arrivés à bon port. Donc 1 nuit à l’hôtel, petit dej payé, et c’est reparti !
« J’ai choisi de raconter cette histoire car ça a été un moment décisif de ma vie où j’ai décidé qui j’étais. Est-ce que j’étais un pourri ou pas ? J’étais dans la mouise, sans argent à Katmandou, et mieux vaut en avoir quand tu arrives dans ce genre de pays, une galère est vite arrivée. Mais j’ai fait le choix de ne pas voler cette argent. Je veux pas dire qu’avant j’étais un escroc, quoi que…